Elle se trouve dans les
Pyrénées navarraises, à l'entrée des vallées de Salazar et de Roncal, dans le seul
almiradío existant encore en Navarre. À la tête de cette délimitation orographique médiévale, typiquement navarraise, se trouvait un
lieutenant ou amiral désigné par le roi de Navarre. La chapelle Santa María del Campo est un bijou de ce territoire historique.
Inspiré de l'architecture de Jaca, harmonieux dans ses proportions, l'édifice, en pierre de taille, présente une toiture en pierres plates. Il possède une nef unique à trois travées et chevet semi-circulaire. Son clocher-tour, dressé au beau milieu de la nef, constitue un élément tout à fait original du fait même de sa situation. Carré et élancé, il est percé de fenêtres en plein cintre géminées.
Santa María del Campo recèle, par ailleurs, une étonnante collection de modillons sculptés de motifs populaires. En général bien conservés, ils affichent des fauves, des oiseaux ou des personnages qui observent le spectateur ou en mouvement, comme l'homme au pot de chambre ou l'acrobate faisant des galipettes. Certains sont étroitement liées avec
la Porte Speciosa romane du Monastère de Leire. En effet, on peut remarquer dans les deux monuments une femme nue peignant ses cheveux (la luxure), des lions aux longues pattes terminées par des griffes
« design » et à la gueule caractéristique, ou encore des oiseaux inclinés sur leurs pattes, symbolisant les âmes qui veulent s'échapper.
L'accès à l'intérieur de la chapelle se fait par une porte en plein cintre couronnée de deux archivoltes en damier et d'un monogramme typique de Jaca. Le visiteur qui pénètre dans l'église est immédiatement frappé par la sensation de hauteur qui se dégage de ses voûtes et l'étroitesse de la nef. La sobriété intérieure, typiquement
romane est interrompue par des arcades en plein cintre, des chapiteaux grossièrement sculptés et des fonts baptismaux du XVIe siècle.